Les Plaideurs

Le texte de la Scène 13 Acte 2 de la pièce de Racine: Les Plaideurs
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L'Intimé.
Monsieur, où courez-vous? C'est vous mettre en danger,
et vous boitez tout bas.

Dandin.
Je veux aller juger.

Léandre.
Comment, mon père? Allons, permettez qu'on vous panse.
Vite, un chirurgien.

Dandin.
Qu'il vienne à l'audience.

Léandre.
Hé! Mon père, arrêtez...

Dandin.
Ho! Je vois ce que c'est:
tu prétends faire ici de moi ce qui te plaît;
tu ne gardes pour moi respect ni complaisance:
je ne puis prononcer une seule sentence.
Achève, prends ce sac, prends vite.

Léandre.
Hé! Doucement,
mon père. Il faut trouver quelque accommodement.
Si pour vous, sans juger, la vie est un supplice,
si vous êtes pressé de rendre la justice,
il ne faut point sortir pour cela de chez vous:
exercez le talent, et jugez parmi nous.

Dandin.
Ne raillons point ici de la magistrature:
vois-tu? Je ne veux point être un juge en peinture.

Léandre.
Vous serez, au contraire, un juge sans appel,
et juge du civil comme du criminel.
Vous pourrez tous les jours tenir deux audiences:
tout vous sera chez vous matière de sentences.
Un valet manque-t-il de rendre un verre net,
condamnez-le à l'amende; ou s'il le casse, au fouet.

Dandin.
C'est quelque chose. Encor passe quand on raisonne.
Et mes vacations, qui les paîra? Personne?

Léandre.
Leurs gages vous tiendront lieu de nantissement.

Dandin.
Il parle, ce me semble, assez pertinemment.

Léandre.
Contre un de vos voisins...
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